Après la Fondation Maeght pour Noël, c’est au tour du Musée d’art moderne de Stockholm (Morderna museet) de nous ouvrir ses portes un jour férié.En effet, la plupart des Suédois chôment non après le Nouvel An, mais dès le 31 janvier. Certains commerces ferment même le 30, sauf dans le quartier, plus touristique, de la gare centrale (centralstation). Les conservateurs nous ont donc accordé une faveur en acceptant de commenter les collections dont ils ont la charge.
Pour du sur-mesure, c’est du sur-mesure ! Le maître de lieux s’enquiert immédiatement de nos préférences. Pour en voir le plus possible, opter pour un parcours chronologique, celui que propose d’ailleurs l’établissement. Dédiées à l’art international, les galeries du rez-de-chaussée débutent par le cubisme. Quelques Picasso pour ouvrir le bal… Et hop ! On tombe sur l’une des toiles les plus célèbres d’Amedeo Modigliani, Femme assise en robe bleue.
Place ensuite au surréalisme. Parmi les ambassadeurs de ce mouvement artistique, Marcel Duchamp très largement représenté au fil des salles. D’un petit ready-made en forme de peigne, on passe à une toile monumentale (201,3 x 346,5 cm) de Salvador Dalí intitulée L’énigme de Guillaume Tell. La provocation atteint alors son paroxysme. Cette représentation d’un homme nu à trois jambes fléchies rebute autant qu’elle intrigue. Quel soulagement de se voir bientôt confronté à un ensemble de monochromes !
Warhol domine la dernière section. On reconnaît une toile de la série Fleurs (1964), dont une dizaine de pièces se trouve actuellement exposée au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Ce n’est pas le seul emprunt de l’institution parisienne. Le cube estampillé « Brillo », que l’on remarque dans un coin, s’assortit d’exemplaires actuellement regroupés dans la capitale française. Cette sculpture en trompe-l’œil imite l’emballage d’une marque de savon célèbre. Juste en face, à l’autre bout de la salle, la fameuse sérigraphie de Marilyn Monroe se décline en noir et blanc. Le plus étonnant demeure ce fond gris marqué de traces de pas numérotées. Ce dessin très technique évoque un enchaînement de danse. « The Lindy Tuck-In Variation ». Warhol dansait le lindy hop ? Cette hypothèse fait figure de clin d’œil au festival de swing où l’on compte passer le réveillon.
Toujours au même niveau, deux expositions temporaires font fureur. On croit le conservateur sur parole, tant il y a peu de monde alentour. Et on est loin de s’en plaindre, au contraire ! À côté du café du musée, se déploie un labyrinthe de murs en plastique de couleur transparents. Une installation signée Olafur Eliasson. Ce nom sonne familier. N’est-ce pas l’artiste danois qui vient, au nom de la COP21, de présenter 80 tonnes de banquise sur la place du Panthéon ? Tout à fait ! Dans la salle suivante, une soixantaine de maisons en pain d’épice sont en lice. Chacune est l’œuvre d’un inconnu. Résultats de ce concours improbable, à venir le 6 janvier. Suspense !
Peplum - 7 janvier 2016