Portraits de Madame Léon Clapisson, 1882 ("Dans les roses"), et 1883

Chicago redonne bonne mine à Renoir

De quelle couleur sont les contours rouges du portrait de Madame Léon Clapisson ? C’est la question que soulève la dernière exposition de l’Art Institute. En espérant qu’une réponse soit trouvée d’ici le 27 avril.

 

« This is the blue line train », entend-on dans le métro, car c’est bien la ligne « bleue » qui mène au Loop, le centre de Chicago. Eh oui, on pense déjà couleurs, thème de l’exposition « Renoir’s True Colors : Science Solves a Mystery », actuellement à l’affiche de l’Art Institute.

enregistrement laissé intact afin de rendre compte du brouhaha perceptible dans le métro chicagoan.

Qui est cette jeune femme vêtue d’une robe de soirée bleu nuit ? Madame Léon Clapisson, l’épouse d’un des plus riches mécènes de Pierre-Auguste Renoir. Marié par intérêt dès ses seize ans, cet ambitieux modèle inspira au peintre français non moins de deux tableaux. Un premier portrait en plein air – suivant la tradition impressionniste -, intitulé Dans les rosiers (1882), et cette scène d’intérieur réalisée en 1883. Il aura fallu seulement un an au peintre pour passer d’un fiasco cuisant à une réussite totale. D’autant plus satisfait de son travail qu’il finit par plaire à son commanditaire, Renoir résolut de le soumettre au Salon, LA manifestation artistique de l’époque.

Un siècle plus tard… Petit séjour au laboratoire. Toile mise à nue. Les restaurateurs remarquent un fort contraste chromatique entre les contours de l’oeuvre et l’ensemble du fond. Si le cadre aurait protégé l’éclat des pigments appliqués en bordure – on le voit plus nettement en haut à gauche -, les touches centrales auraient pâli sous l’effet de la lumière. Comme quoi, il convient d’écouter les conservateurs quand ceux-ci essaient de justifier l’éclairage de quelque scénographie. L’obscurité a parfois du bon. Autrement dit, cette gance rouge-violet non seulement trahit les intentions de l’artiste, mais entache également sa réputation de pastelliste. Pastelliste au sens où on lui connaît un faible pour les tons pâles, voire passés.

EXPOS-Renoir

Une découverte participant de, et surtout à un miracle, le miracle de la science. Grâce aux nanotechnologies, au laser ainsi qu’à des logiciels de restauration d’images, le département de la conservation s’est lancé dans une reproduction de l’oeuvre suivant sa palette d’origine. Une copie remasterisée versus l’original. Voilà l’objet de cette exposition modeste, mais non moins chargée d’informations. On n’arrête pas le progrès !

“Renoir’s True Colors : Science Solves a Mystery”, du 12 février au 27 avril, à l’Art Institute de Chicago.