Vingt-six musées, c’est long à recenser ! Voici donc la suite des établissements précédemment égrainés.
10) Musée Jean-Jacques Henner, Paris (ÎLE-DE-FRANCE)
Voilà ce qui arrive quand on invite trop souvent un ami à dîner : il rachète votre maison pour y exposer son œuvre. En 1921, la veuve du célèbre peintre Jean-Jacques Henner (1829-1905) demande aux descendants du peintre Dubufe de transformer leur demeure en musée national. Peu connu du grand public, ce monument du XVIIème arrondissement subit actuellement de lourds travaux de rénovation. Il faudra donc attendre le printemps 2015 pour aller ou retourner contempler les nus roux de l’artiste alsacien dont on ignorait qu’ils occupaient depuis tout ce temps la capitale.
11) Musée-bibliothèque Dunoyer de Segonzac, Boussy-Saint-Antoine (ÎLE-DE-FRANCE)
Qui ? Que ? Quoi ? Don. De tout. En 1968, Georges Coubard, le maire de Boussy-Saint-Antoine propose au peintre contemporain Dunoyer de Segonzac (1884-1974) de transformer sa chambre d’enfant en musée. L’inauguration a lieu le 8 novembre suivant. Un événement peu médiatisé étant donné la moindre renommée et de la ville et de l’artiste. Deuxième tentative en 1984, à l’occasion du centenaire de sa naissance, consacrée par l’annexion d’une bibliothèque municipale.
Au rez-de-chaussée, des gravures (les Géorgiques de Virgile), des cuivres rayés d’affiches, de médailles, de portraits, issus des collections personnelles du donateur se mêlent aux lectures de ce dernier. Livres illustrés, biographies, carnets de notes, plaquettes, journaux… autant d’ouvrages instructifs quant à la vie et à l’oeuvre de cet homme maintes fois récompensé pour son talent. En 1933, par le premier prix de peinture de l’institut Carnegie, aux USA ; ou encore en 1934, par le premier prix de peinture de la biennale de Venise. Avis aux assoiffés de culture : plus d’excuse pour ne pas aller dans l’Essonne.
12) Musée Camille Pissaro, Pontoise (ÎLE-DE-FRANCE)
On plonge son regard tour à tour dans des toiles tachetées et dans une fenêtre surplombant la vallée de l’Oise. Royal ! C’est le cas de le dire puisque le musée Camille Pissaro, ex-musée Tavet-Delacour, occupe la place d’un ancien château. Pourquoi Pontoise ? Ce père de l’impressionniste n’y est pas né, et encore moins mort. C’est pourtant là qu’il vécut entre 1866 et 1883, et où il invitait ses amis Cézanne, Gauguin, et Van Gogh à peintre. Bastion de l’association « Les amis de Camille Pissarro », cette élégante demeure abrite des toiles de Pissaro père, dont Péniche (1864), et fils, Lucien & Georges, ainsi que quelques oeuvres d’artistes locaux. Le tout regroupé sur un étage, le premier. L’entrée y est libre ; alors pourquoi pas ?
13) Musée Georges de La Tour, Vic-sur-Seille (LORRAINE)
Georges de La Tour (1593-1652) est, n’ayons pas peur de l’affirmer, le plus grand artiste lorrain du XVIIe siècle. Peintre à la cour de Louis XIII, il reçoit et exécute les commandes d’importantes personnalités. De même son fils, qu’il initie très tôt à la peinture, endosse plus tard la charge de peintre ordinaire du Roi. Près de quarante œuvres de ce maître absolu du clair obscur ont été aujourd’hui identifiées, non sans hésitation pour certaines ; une quinzaine d’autres ayant refait surface par l’intermédiaire de copies. Conscient de la richesse de son patrimoine, le département de la Moselle en acquiert une bonne poignée dès 1994, dont le fameux « Saint-Jean Baptiste dans le Désert ». À ce chef-d’œuvre incontesté se greffe une centaine de peintures des XVIIe et XIXe siècles. Une collection désormais répartie sur quatre étages. Les expositions vicoises, au rez-de-chaussée ; la peinture du XVIIe siècle, au premier ; le paysage et la peinture du XVIIIe siècle, sous la verrière du deuxième, le courant romantique et la période du XIXe-XXe siècles, enfin, sous la verrière. Il y a de quoi faire, c’est certain !
14) Musée Soulages, Rodez (MIDI-PYRÉNÉES)
Rares sont les musées contemporains de leur égérie. C’est pourtant de son vivant que Pierre Soulages verra naître les six mille mètres carrés consacrés à son œuvre. Le fruit de deux donations (2004 et 2012) dont la valeur s’estime à près de 30 000 euros. Le bâtiment en acier corten a été dessiné par les cabinets RCR Architectes de Barcelone ainsi que Passelac et Roques de Narbonne. « Caprice » de star : cinq cents mètres carrés réservés aux expos temporaires d’artistes modernes. Initialement prévue en 2013, l’ouverture de l’établissement a été repoussée au 31 mai de cette année. Encore deux mois à attendre !
À VENIR : « Les outrenoir(s) de Pierre Soulages : musées et fondations d’Europe », du 31 mai au 5 octobre.
15) Musée Toulouse-Lautrec, Albi (MIDI-PYRÉNÉES)
1905 : séparation des biens de l’Église et de l’État. Une loi qui permet de transformer le Palais de la Berbie, résidence des archevêques, en musée. Les galeries Toulouse-Lautrec y sont inaugurées en 1922 grâce aux legs exceptionnel du comte et de la comtesse du même nom. Le projet coulait de source, le peintre étant né à Albi. Depuis, des milliers visiteurs ne cessent d’aller et venir, faisant de l’établissement l’un des plus fréquentés de province. Son parcours se divise en deux étapes : à l’approche chronologique des premières salles s’oppose la confrontation thématique de portraits, paysages nocturnes et scènes érotiques, au deuxième étage. En avant pour le cancan !
16) Musée Raymond Lafage, Lisle-sur-Tarn (MIDI-PYRÉNÉES)
Créé en 1890 à Lisle-sur-Tarn, le musée Raymond Lafage porte le nom et l’héritage du dessinateur et graveur local Raymond Lafage (1656-1684). Environ cinq cents pièces uniques en constituent le fonds, dont une majorité de gravures que l’on retrouve dans la section « beaux-arts » avec, entre autres, quelques Manet, Cormon, Detaille, Devéria… Du qualificatif « municipal », reçu en 1952, il passe au titre de « Musée de France », en 2003. L’une de ses particularités tient à son ouverture sur l’art contemporain. Depuis 2008, l’établissement se dédie au dessin de presse, auquel il rend hommage chaque année, au travers d’expositions temporaires diverses et variées.
17) Musée Ingres, Montauban (MIDI-PYRÉNÉES)
Ancien Palais épiscopal du XVIIè siècle, le musée Ingres abrite les œuvres de deux Montalbanais célèbres, Antoine Bourdelle et Jean-Auguste-Dominique Ingres. Si le rez-de-chaussée accueille les sculptures du premier, le second se voit consacrer sur deux niveaux. Au premier étage, des portraits de nobles, des peintures d’histoire, entre autres compositions de jeunesse trahissant l’influence de l’Antiquité et de Raphaël ; au-dessus, la collection personnelle du peintre. Cinquante quatre toiles acquises au cours de sa carrière ! Vestige du château érigé par les anglais lors de la Guerre de Cent Ans, la salle du Prince Noir regroupe, quant à elle, des pièces archéologiques gallo-romaines. Des expositions temporaires occupent régulièrement le sous-sol, à côté de toiles signées Olivier Debré, Zao-Wou-Ki, ou encore Vieira da Silva et de céramiques des XVIIIè et XIXè siècles. Varié, mais tout de même ciblé.
18) Musée Henri Matisse, Nice (MIDI-PYRÉNÉES)
Présentée depuis 1963 au premier étage de Villa des Arènes -le rez-de-chaussée abritant un musée d’Archéologie, demeure génoise du XVIIe siècle, la collection permanente du musée Matisse compte aujourd’hui 68 peintures et gouaches découpées, 236 dessins, 218 gravures, 57 sculptures, 14 livres illustrés, 95 photographies, et aussi 187 objets ayant appartenu au peintre et inspirée ses œuvres ; le tout complété par des sérigraphies, tapisseries, céramiques, vitraux.. Autant de pièces qui retracent l’évolution artistique d’Henri Matisse (1869-1954), depuis sa première toile, Nature morte aux livres (1890), jusqu’à l’un de ses derniers collages, Fleurs et fruits (1952-1953), soit l’avancée de ses recherches dans le domaine de la couleur et du graphisme.
Avec, chaque année, des expositions temporaires, bien sûr, conjuguées à moult conférences et projections documentaires. Parmi les dernières en date : « Matisse, la musique à l’œuvre ».
À VENIR : une pléthore de manifestations marquant le cinquantenaire de la mort de l’artiste, le 3 novembre prochain.
À VOIR AUSSI : Le Musée Matisse du Cateau-Cambrésis, fondé, en 1952, par Matisse lui-même dans l’Hôtel de Ville de son fief natal. Le peintre y stocke 82 de ses œuvres auxquelles, se greffent plus tard la collection Auguste Herbin, maître de l’abstraction, et la donation Tériade, éditeur de Picasso, Chagall, Miró, Léger, Giacometti…