Souvent laissés pour compte, les arts graphiques s’exposent pourtant dans quelques institutions muséales. Voici donc le top 5 des expos à ne pas manquer.
Première question : que sont les arts graphiques ? Mieux vaut, à cet égard, ne pas consulter le web ; la définition en deviendrait aussi fourre-tout. Pour le dire simplement, l’expression désigne l’ensemble des processus propres à la conception et à l’agencement de créations artistiques. Chefs-d’œuvres à part entière ou études préparatoires, certaines de ces créations font parfois l’objet d’expositions spécifiques. C’est le cas actuellement aux quatre coins de la France.
1) Autant en emporte Rouen
Il ne reste qu’une semaine pour aller découvrir les cent cinquante feuilles exposées au musée des Beaux-Arts de Rouen. Rares sont celles qui ont déjà été montrées au public. Aux pastels de Watteau se mêlent les aquarelles de David, les croquis de Boucher, les pastels de Fragonard, les gouaches d’Hubert Robert ainsi qu’une quinzaine de tableaux, sculptures et manuscrits issus des collections les plus prestigieuses de France. Qui eût cru que le dessin occupait une place si importante au Siècle des Lumières ? Pas aussi importante que dans la dernière salle de l’exposition, où petits et grands sont invités à copier les œuvres qui auront marqué leur visite. J-7, attention !
« Les trésors de l’ombre. Chefs-d’œuvre du dessin français du XVIIIè siècle. Collection de la Ville de Rouen », du 22 novembre au 24 février, au Musée des Beaux-Arts de Rouen.
2) Le grand saut, à Sceaux
On brasse plus large au Château du Domaine départemental de Sceaux, puisque la période traitée s’étire du XVIè au XIXè siècle. Au cœur de l’exposition : cent dessins empruntés au musée des Beaux-Arts d’Angers. Parmi les travaux exposés, impossible de passer à côté de La Vierge à l’Enfant du Guerchin, des Deux prisonniers enchaînés de Pierre Paul Rubens, de L’Arabe couché d’Eugène Delacroix, de L’Appareillage d’Eugène Boudin… Fragonard, Poussin, Greuze, Gérard, Ingres, Lagneau, Devéria, Blanchet… Les noms défilent comme autant de rimes pour renom. La France n’est pas la seule représentée : l’école étrangère pavoise aux couleurs de Parmesan, Rubens, Rembrandt, Van Dyck, Romano, entre autres. Le domaine a été dessiné par André Le Nôtre, qui fêtait son quatre-centième anniversaire l’année dernière. Pourquoi ne pas visiter le parc restauré à cette occasion ? À tester bientôt, également, le nouveau restaurant du musée.
« De Rubens à Delacroix. 100 dessins du musée des Beaux-Arts d’Angers », du 21 mars au 20 juin, au Musée du Domaine départemental de Sceaux.
3) L’art selon Vollard
En 1896, le célèbre collectionneur parisien Ambroise Vollard monte l’exposition « Les Peintres graveurs », où se cristallise la passion des Nabis pour de l’estampe. Bonnard en conçoit l’affiche avant que le musée qui porte désormais son nom se lance, près d’un siècle plus tard, dans une reconstitution de l’événement. Odilon Redon, Paul Gauguin, Rivière, Maillol, Vallotton et Toulouse-Lautrec… si les graveurs sollicités pour la manifestation n’avaient aucune maîtrise de l’estampe, il doivent leur succès à leur grande sensibilité. « Ce qui pouvait être pris pour une gageure fut une grande réussite d’art », soutenait alors Vollard. Aujourd’hui, tandis que s’ouvre le second volet de cette riche collection, la curiosité du public grandit : plus que des feuilles isolées, ce sont des séries qui éveillent un intérêt croissant, parmi lesquelles les Aspects de la vie de Paris, La Petite blanchisseuse ou L’Enfant à la lampe, de Bonnard, ainsi que les Instruments de musique de Vallotton. Vivement le 15 mars !
« Bonnard, Vuillard & Les Nabis », du 15 mars au 15 juin, musée Bonnard, Le Cannet
4 ) Tout bénef pour la BnF
Printemps 2014 : la BnF s’apprête à mettre en ligne l’inventaire des dessins français du XVIIe siècle. L’occasion de révéler une partie de sa réserve au grand jour. Pourquoi ? Pour montrer le lien étroit qui unissait dessins et estampes du XVIIè au XIXème siècle, tant dans le domaine artistique, funéraire, architectural, médiatique, que dans le monde de la mode, en plein essor sous Louis XIV. Une centaine de feuilles, pour la plupart inédites, incarnant la maestria de maîtres présentés dans l’ordre chronologique, tels Martin Fréminet, Jacques Callot, et Simon Vouet. Point fort de l’exposition : un ensemble d’études couvrant toute la carrière de Charles Le Brun, Premier Peintre du Roi… du Roi Soleil, bien sûr.
« Dessins français XVIIème siècle » 18 mars au 15 juin, BnF
5) La légende Doré
Enfant prodige, Gustave Doré entame sa carrière de caricaturiste à l’âge de quinze ans seulement, mesurant son art aux plus grandes plumes de la littérature de Dante à Rabelais, en passant par Perrault, Cervantes, Milton, Shakespeare, Hugo, Balzac, Poe… Un talent immense qui illustre et s’illustre dans divers genres, la satire, la peinture d’histoire, le paysage, le portrait, l’aquarelle, la gravure… Véritable passeur de la culture européenne, Doré influence Van Gogh, Terry Gilliam, ainsi que les pionniers de la bande-dessinée. C’est la première rétrospective qui lui est consacrée ; une rétrospective ancrée jusqu’au 11 mai à Orsay.
« Gustave Doré (1832-1883). L’imaginaire au pouvoir », du 18 février au 11 mai, Musée d’Orsay