“Le rapprochement n’est pas fortuit mais inédit”, lance fièrement Catherine Grenier. “Nous nous sommes emparés du sujet, aussitôt que nous en avons pris connaissance”. Picasso et Giacometti avaient de nombreux points communs. Chacun constitue une étape du parcours actuellement proposé au Musée Picasso.
Malgré leurs vingt années d’écart, tous deux sont nés d’un père artiste. De là, la précocité de leur vocation, pour ne pas dire talent, que confirme la confrontation de leurs travaux adolescents. À un héritage similaire s’ajoute une fascination pour la préhistoire, la mort, l’éros, quoique l’érotisme soit peut-être plus présent dans l’œuvre de Picasso. Et encore, cela reste à prouver. De la théorie, on glisse doucement vers le concret. Rencontre il y a bien eu entre ces deux géants, ces deux génies, en 1931. Une rencontre qui, contrairement à leurs œuvres (salle 5) ignore le plat, soit le plan. Non, leur amitié n’est pas un mythe, comme en témoignent les archives dévoilées au premier étage. Un ami commun, Georges Bataille, entre autres. Contrairement à Giacometti, Picasso, qui admirait le mouvement, ne s’est jamais mêlé au surréalisme. Communistes, obsédés par la question du réalisme (tout court), aucun n’a pourtant cédé au réalisme socialisme. C’est ce que nous révèle le bestiaire final, nous invitant à aller récupérer nos affaires au vestiaire. Le temps n’est pas encore à la fourrure, heureusement. Si certaines comparaisons auraient mérité d’être approfondies, la pertinence du propos global nous réchauffe le cœur. Coup de foudre garanti ! Avanti !*
Picasso-Giacometti, jusqu’au 4 octobre. Musée Picasso, Paris.
* référence à L’Homme qui marche (I), qui se dresse dans l’entrée, et auquel s’oppose, un peu loin, un étage plus haut, une Femme qui marche. Cette sculpture, méconnue, effectue un plus petit pas que son homologue masculin.
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