Aujourd’hui, le festival Normandie Impressionniste s’ouvre à Giverny où se déploie une merveilleuse exposition consacrée à Caillebotte, un peintre et mécène à part, essentiellement collectionné par des particuliers.
Ingénieur, collectionneur, peintre et régatier. Gustave Caillebotte jouit d’un statut particulier dans le mouvement impressionniste. C’est ce que révèle l’exposition « Caillebotte, peintre et jardinier » que propose actuellement le musée phare de Giverny.
Linge séchant, Petit Gennevilliers, 1888
Un artiste à part
Pendant longtemps on a vu en lui un amateur d’art aisé. Désormais, il apparaît comme l’une des figures majeures de l’impressionnisme. Fort d’une formation en droit, c’était un habile régatier, ainsi qu’un jardinier méticuleux. Après avoir étudié le Paris d’Haussmann (salle 1) sous toutes ses coutures, Caillebotte tomba sous le charme de la Normandie, où il put donner libre cours l’une de ses passions, la navigation. Ses bateaux étaient même munis de voiles en soie. Une idée que lui inspira sûrement feu son père, lequel fit fortune en vendant des draps aux armées napoléoniennes.
Le Boulevard vu d’en haut, 1880
À la même époque, en 1881 pour être précis, il acquit le Petit Gennevilliers, où il finit par s’installer définitivement en 1888. C’est là qu’il cultiva son amour des plantes. Il fit construire dans sa future résidence principale une serre. L’artiste, qui initia Monet à l’horticulture, conçut également dans ce havre végétal quelques projets décoratifs, dont Parterre de Marguerites, que le musée des impressionnismes de Giverny entend voir entrer dans ses collections d’ici la rentrée 2016. Pour ce faire, l’établissement appelle à la générosité des visiteurs. « Un musée se définit de nos jours par ses collections, voire par une œuvre en particulier. On ne pouvait pas s’acheter un Monet. En revanche cette œuvre, quoique inachevée, est plus que présentable. Elle représente des marguerites. Giverny est connu pour ses jardins… », explique Frédéric Frank, le directeur du musée.
Des collections particulières
Avant de devenir un peintre reconnu, Gustave Caillebotte se distinguait, parmi ses confrères impressionnistes, comme un collectionneur d’art. Il soutint le groupe de mille et une façons. Sa première acquisition, Un coin d’appartement, est signée de Claude Monet, à qui il loua, peu de temps après, un appartement près de la gare Saint-Lazare. Financer des expositions, procurer l’argent nécessaire à l’achat d’un matériel de peinture haut de gamme, allait dans la continuité de sa bienveillance. Il eut également en sa possession Le Moulin de la Galette d’Auguste Renoir, tableau qui apparaît dans l’un de ses autoportraits (salle 2).
Autoportrait au chevalet, 1879-1880
Cette toile est l’un des rares prêts publics – il provient du musée d’Orsay – de l’exposition. Les trois quarts des œuvres présentées sont en effet issues de collections particulières. Pourquoi ? Parce que la célébrité de Caillebotte était limitée jusqu’à présent. Sa cotte grimpe timidement depuis quelques années. En France, Giverny sait gré au Conseil départemental du Val d’Oise, à la galerie Berès, au musée Marmottan Monet, au musée Tavet-Delacour Pontoise, et au musée des Beaux-Arts de Rennes, d’avoir bien voulu participer à son projet. Parmi les prêteurs étrangers, on compte le Brooklyn Museum, la National Gallery of Art de Washington et l’Association des Amis du Petit Palais de Genève. Dans le domaine privé, une mention spéciale s’impose pour les descendants de l’artiste. Qui sont-ils ? À suivre.
Caillebotte, peintre et jardinier, jusqu’au 3 juillet. Musée des impressionnismes, Giverny.
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