Beaucoup l’ignorent : certains musées ouvrent leurs portes aux jeunes mariés sortis tout droit de l’église ou de la mairie. Si quelqu’un s’oppose à cette pratique qu’il parle maintenant ou se taise à jamais.
Que font les musées quand leurs caisses se vident ? Ils louent leurs salles, à des entreprises ou à des particuliers. Dîners d’affaires, anniversaires, lancements de produits, séances de dédicaces…, autant d’événements organisés dans un cadre artistique. Manquent les mariages. Combien d’unions sont-elles aujourd’hui consacrées à côté d’une sculpture ou d’une peinture ? Plus qu’on ne le croit. Voici la liste des musées parisiens où échanger ses voeux.
SILENCE !
Qui dit mariage dit traditionnellement toast, pièce montée, et surtout bal. Pour des contraintes à la fois sociales et patrimoniales, certains musées n’autorisent qu’une musique douce en toile de fond. Se rincer l’oeil, sans que grincent les oreilles des voisins. Voilà ce qu’autorisent les temples d’art soumis à une stricte législation. Comme si l’appel de la panse pouvait masquer l’attrait de la danse…
Le musée des Arts décoratifs
Il s’agit d’une location de salle brute. Le traiteur et le matériel restent à la charge du client. Musique d’ascenseur afin de ne pas endommager les oeuvres. Fin des festivités vers minuit. C’est l’heure où Cendrillon et son prince doivent malheureusement rentrer à la maison.
Le musée Carnavalet
Musique interdite ! Autant être clair, dès le début. Couvre-feu à 23 heures, minuit maximum. Au-delà, les agents de surveillance vont se coucher. Pour compenser le silence obligatoire, une visite guidée d’une heure trente s’offre à tous les convives. En tête de file, le “parcours XVIIIe”, le seul à inclure un tour des jardins. À la location de la salle des Enseignes s’ajoute par conséquent la charge de guides français (250 €) ou étranger (350 €). Autre avantage : le versement s’opère sous forme de don, entraînant une déduction d’impôts sur le revenu.
Le musée Rodin
Le musée Rodin propose également à ses invités un tour du propriétaire. À commencer par un parc de plus de trois hectares pouvant recevoir entre cent et mille cinq cents personnes. À découvrir aussi : l’intérieur classique de cet hôtel particulier où demeurent les oeuvres d’Auguste Rodin. Suite et fin de la visite dans la salle d’exposition temporaire, avant de regagner le jardin, ses sculptures monumentales, parmi lesquelles Le penseur, et une tente dressée pour l’événement. Hélas, contre toute attente, cet espace couvert ne répercute pas le moindre son. Néanmoins, devant toutes les splendeurs aux alentours, on ne peut que s’incliner.
EN PISTE !
Si musique et musées font rarement bon ménage, certains établissements s’avèrent plus tolérants que les précédents.
L’Institut du monde arabe
Enfin un endroit où danser ! Refoulé à l’une des extrémités du boulevard Saint-Germain, l’Institut du monde arabe couvre diverses prestations. Pour les mariages, les salles prêtées varient selon le nombre d’invités ; et les prix selon le créneau horaire choisi. Théoriquement, l’établissement propose des formules de cinq heures. Pourtant, il suffit de payer un supplément pour transformer son cocktail dînatoire en une longue soirée dansante. L’occasion d’ouvrir le bal en contemplant tout Paris ; car les festivités ont lieu au dernier étage de l’établissement. Quoi de plus grisant ?
Le musée Jacquemart André
Trois espaces au choix : le grand salon, le salon de musique ou la salle à manger selon leur capacité, pour une réception longue durée (18 heures-5 heures). Avec l’accord du musée, tout est permis : éclairages spéciaux, musique dansante… Pirouettes et entrechats requièrent la pose exceptionnelle d’un parquet dans le jardin d’hiver.
Le musée des Arts forains
Anciens chais construits au XIXe siècle, les pavillons de Bercy ouvrent leurs portes aux jeunes couples qui viennent de se dire “oui” pour la vie. Cet ensemble comprend le théâtre du Merveilleux, les salons vénitiens et le musée des Arts forains où l’on peut se trémousser sur les tubes de sa génération de 16 heures à minuit, minimum. Manèges et stands de jeux sont mis à la disposition des personnes présentes. À chaque salle correspond un espace extérieur privatisable. Restauration et arts de la table sont gérés par des prestataires de renom. Un traiteur non agréé coûte, en revanche, 3 euros par couvert.
Le Mini Palais
Réservé à nombre d’événements publics, du Salon du livre ancien à La Fête de la danse, en passant par la Soirée FG, le Grand Palais ne célèbre aucune noce. Faute de pouvoir y exposer son amour, on se rabat souvent sur le Mini Palais. À ne pas confondre avec le Petit Palais, ce restaurant jouit d’une façade monumentale flanquée d’une terrasse où il fait bon flâner entre deux danses ; car une large piste y attend les rois du dancefloor. Avec, en outre, un menu du triple étoilé Éric Frechon : difficile d’être déçu. Entre grande table et musée, l’hybride Mini Palais apparaît comme un bon compromis.