Juste en face du musée de la rue de Grenelle, on ne trouve pas une boutique, mais Le Tourrette, un bistrot distingué aux accents ibériques.
Quand on a l’habitude, comme certains, de repérer où l’on va manger après une exposition avant même d’en avoir franchi le seuil, on ne peut que se réjouir de tomber sur Le Tourette. Quant à ceux dont l’estomac ne régit pas la pensée, il leur sera également difficile d’ignorer la façade lie de vin de ce bistrot-cantine espagnol. Où les responsables de l’institution Maillol vont-ils se restaurer, à votre avis ? Il suffit de traverser la rue pour aller boire un verre. Autre prétexte pour s’y rendre : la flèche désignat soi-disant la cour du musée (dans l’encadrement de la porte de sortie), laquelle pointe à dire vrai en direction du Tourette. Problème d’orientation ou publicité déguisée ? Pas d’autre choix que de tester cet ancien bougnat (débitant de boissons et vendeur de charbon).
Un accueil chaleureux
D’autant plus que l’accueil y est chaleureux. Dès huit heures du matin – alors que les cafés ont tendance à ouvrir de plus en plus tard -, le chef Xavier Fernandez esquisse chaque jour son plus beau sourire. De grosses ampoules pendent au bout de cylindres chrome, assortis à la longue table d’hôtes disposée devant le bar. Plus une dizaine de chaises hautes, alignées sous un comptoir, dans le prolongement de l’entrée : on atteint aisément vingt… vingt-cinq places. Le regard plongé dans les azuleros muraux, on surprend tout à coup la voix rauque de Compay Secundo à qui le maître de lieux peut se vanter d’avoir, soit dit en passant, vendu des cigares.
Buena Vista Social Club. C’est le cas de le dire ! Par son authenticité, le décor rend sociable. Malgré la pile de journaux consciencieusement laissés à la disposition des clients, on ne saurait résister à la tentation d’aborder son hôte. C’est pour renouer avec ses origines, dans un des établissements les plus vieux de Paris, que le chef Xavier Fernandez a quitté les cuisines de Lapérouse, cet ancien hôtel particulier de la rue des Grands Augustins. Fort de multiples récompenses, le cuisinier espagnol se dit amoureux de la France. « Trente-huit ans que je suis ici. J’adore ce pays ». Pas étonnant qu’une partie de son ancienne clientèle l’ait suivi. Son franc-parler plaît. C’est du reste en partie pourquoi il vaut mieux réserver. Un ou deux jours à l’avance, de peur que le bistrot-cantine soit pris d’assaut par ses habitués.
D’appétissants tapas
Pour des prix on ne peut plus raisonnables, on a le droit à des assiettes de rois. Des assiettes de quoi? De tapas bien sûr. Côté froid : du chorizo, de la charcuterie ibérique, des sardines, une trilogie de tomates au thon, du fromage manchego (fromage de brebis de la race manchega). Côté chaud : une tortilla de pommes de terre, une omelette au thon, de la brandade de morue avec des pimientos del piquillo, une soupe baptisée « sopa de mama », du riz noir aux calamars… le tout cuisiné avec des produits venus directement d’Espagne, ou disons plutôt d’une boutique, Ibérique Gourmet, présente dans le Vè (19, rue de Bièvre) et dans le VIIè (3, rue Paul Louis Courier). L’occasion de se constituer un bon buffet à emporter !
Tourrette Bistrot-cantine
70 rue de Grenelle, 75007, Paris
01 45 44 16 05
ouvert à midi du lundi au vendredi et le soir le vendredi et le samedi
fermé les dimanches et jours fériés